Dimanche de Mars sur une route normande...

Un reportage photo de Capucine LEBOUCHER

Premier dimanche de Mars, retour d'une visite chez Mamie. Trente kilomètres à parcourir pour rentrer à la maison. Temps agité, alternance d'averses et d'éclaircies... Bourrasques et lumière changeante. Le soleil commence à décliner et crée une incroyable variété d'éclairages obliques, traversant de sombres nuages ciselés... 

Il faut se concentrer sur la conduite, de violentes rafales de vent latéral obligent à tenir le volant des deux mains... Dans la voiture, Ferdinand, treize ans, et Capucine, quinze ans ne disent mot... En mode "adolescents mutiques", ils se contentent d'observer à travers les vitres embuées le spectacle du bocage dans la tourmente...

Quelqu'un a-t-il évoqué à haute voix la beauté de cette ces lumières normandes ? Je ne saurais le dire... Soudain, Capucine sans mot dire s'empare de l'appareil photo qui traine sur la banquette arrière... Toujours sans un mot elle passera le reste du trajet à prendre des clichés. Du coin de l'oeil, je la surveille... Concentrée sur sa  prise de vues, elle semble animée d'une authentique inspiration... Elle modifie les réglages, change de focale, varie les angles... 

Soucieux de respecter cet élan créatif spontané, je m'abstiens de toute remarque... et ne modifie en rien ni ma conduite, ni mon trajet... Le hasard guide notre reporter photographe en herbe...

Le silence dans l'habitacle n'est troublé que par les clics qu'émet l'appareil à chaque déclenchement et le bruit des rafales et de la pluie qui fouettent les vitres de la voiture....

Le soleil continue de baisser sur l'horizon, la lumière devient rasante....

Cette variation des conditions de lumière ne gêne pas le moins du monde notre photographe qui continue à presser régulièrement le déclencheur...

Une fois rendus à destination, la pulsion créatrice ne semble pas quitter Capucine qui descend de voiture et continue pendant quelques minutes à prendre des clichés...

Quelques minutes plus tard, elle rentre dans la maison, et pose nonchalamment l'appareil sur la table de la cuisine pour aller vaquer à ses occupations... 

Comme une muette invitation à me pencher sur son oeuvre...

Ce n'est que quelques heures plus tard, que presque par hasard, je découvre les clichés que Capucine a réalisés.... et je suis frappé par la beauté de ce reportage photo improvisé. 

Deux semaines se sont écoulées depuis ce Dimanche, ayant besoin de mon appareil photo, je redécouvre ces clichés et suis de nouveau saisi par la qualité de ce travail artistique...

Ces clichés restituent de manière étonnante l'ambiance qui régnait sur cette route de Normandie ce premier dimanche de Mars 2018... Je suis saisi d'une émotion, de celle qu'on ressent devant une oeuvre d'art, car c'est bien de cela qu'il s'agit...

Alors comme tout ce qui n'est pas partagé est perdu, j'ai décidé de vous offrir l'intégralité de ces clichés, sans aucune retouche, brut de décoffrage...

Peut être voyons nous là, là la naissance d'une vocation artistique... 

Félicitations Capucine...